Le grand vide / Léa Murawiec, éditions 2024
Dans un futur dystopique, l'économie de l'attention est devenue vitale au sens propre du terme : en effet, ne plus être connu.e de personne entraîne ...la mort ! Se payer quelques encarts publicitaires pour afficher ses noms et prénoms ici et là n'est donc pas un luxe, mais de la survie. Aussi, quand Manel Naher découvre l'existence d'une homonyme star de la pop qui aspire littéralement toute son attention, elle sait que ses jours sont comptés.
Pour sa première bande dessinée, la jeune autrice Léa Murawiec frappe un grand coup ! Si la grande majorité des BD de SF propose un dessin très fouillé et impersonnel qui renvoie logiquement à la froideur de ses univers, "Le grand vide" en est un parfait contrepied, avec son dessin naïf et psychédélique à rapprocher de "Philémon" de Fred, des exercices Oulipiens de l'Association, voire des cartoons des années 30. Cette approche très originale se ressent aussi dans le récit, l'aspect science-fiction y est régulièrement bousculé par des saynètes de vie quotidienne qui lui donnent un ton unique.
In fine, je ne peux pas dire que l'exercice m'ait complètement convaincu, le récit se perd un peu à mi-chemin lors d'un twist narratif un peu rapide pour être honnête, et visuellement, cela va soit trop loin, ou peut-être pas assez. "Le grand vide" n'est donc pas la claque que j'attendais, mais il n'en reste pas moins un livre extrêmement prometteur et une proposition très audacieuse que tout bédéphile devrait au moins feuilleter.
7/10
Fabien
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