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Deux filles nuesLuz

  • papierbulles
  • il y a 3 jours
  • 2 min de lecture


Deux filles nues


Luz

Albin Michel, octobre 2024, 196 p., 24.90 €


Thèmes : histoire de l’art, expressionnisme, censure, nazisme


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Cette BD docu-fiction retrace les pérégrinations du tableau « Deux filles nues » peint par Otto Mueller en 1919, qui fera partie des œuvres spoliées chez des collectionneurs juifs, censurées et exposées comme « art dégénéré » par les Nazis, avant d’être bradées contre monnaies sonnantes et trébuchantes. Dès la première page, Luz raconte cette épopée depuis la perspective du tableau, qui restera invisible à nos yeux jusqu’à sa reproduction en dernière page. 

A lire pour l’immersion dans l’époque, la confrontation de l’art au récit politique, la résistance à la censure… et un angle de vue original !


La première chose à laquelle assiste le tableau, c’est sa propre création, en 1919 dans une forêt près de Berlin. Otto Mueller s’inspire de sa muse Maschka pour peindre le tableau qui intitulera Deux filles nues. Du porte-bagage du vélo de l’artiste à son atelier, puis dans le bureau de son premier propriétaire, le collectionneur (avocat juif) Ismar Littmann, le tableau observe le quotidien. Il est témoin des tribulations de la période noire qui suivra : l'arrivée d'Hitler au pouvoir, l'antisémitisme d'État et la spoliation des familles juives, la censure de l'art moderne qualifié de déviant par les nazis, les bûchers d’œuvres non conformes à l’idéologie nazie, les expositions, les ventes… 

Ce tableau est un survivant. Paradoxalement il sera sauvé, comme d’autres œuvres modernes, par la volonté du ministère de la propagande nationale socialiste de faire œuvre « d’éducation » en montant une exposition anthropologique « d’art dégénéré » à l’institut d’archéologie. Il sera ensuite bradé par les marchands d’art pour soutenir l’effort de guerre, puis restitué, et enfin accroché au musée de Cologne en 2002.

Fruit d'une enquête menée par Luz, cette BD docu-fiction propose en fin d’ouvrage un topo sur les personnages principaux et leur destinée, une chronologie, une bibliographie et une liste des tableaux qui apparaissent tout au long de la BD.

Le lecteur s’intéresse aux pérégrinations du tableau, principalement pendant la période de la montée du nazisme, sans s’attacher beaucoup au défilé de ses différents propriétaires. C’est davantage l’époque, ainsi que les ravages de l’antisémitisme et de la censure qui nous touchent.

Le cadrage est original, utilisant l’angle de vue du tableau. L’œil qui s’approche pour estimer le tableau, la vue cachée par la ficelle ou les planches de la caisse qui emballent le tableau, les cases de nuit... 

Le trait plus vibrant que flou recherche davantage l’émotion que la précision, dans un style que ne renieraient pas les expressionnistes. Les teintes sépia, brunes, et noires, avec un peu de rouge, sont souvent utilisées pour représenter l’époque des « chemises brunes ». (A mon sens, l’auteur aurait pu jouer sur d’autres teintes pour différencier les époques). 


Prix Wolinski 2024 de la BD du Point

Grand prix de la critique ACBD 2025

Sélection d’Angoulême

Une très bonne BD, mais peut-être un peu trop encensée en raison de la qualité de survivant de son auteur ?

 
 
 

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