Tragi-western au temps de la Grande Dépression
De Pandolfo et Risbjerg. Ed. Sarbacane, 2018.
Tirée du roman de Ron Rash, cette B.D se déploie sur un fond d’après crise de 29. Serena et son mari profitent de la misère sociale pour exercer leur toute puissance.
Dès les premières planches, le lecteur est capté par la manière dont se tisse la trame narrative.
La B.D s’ouvre sur un plan de montagne, un train, des personnages secondaires qui annoncent l’arrivée du « patron », Georges Pemberton, et de sa nouvelle épouse : Serena.
La jeune femme s’affiche dès les premiers instants décidée, sûre d’elle, autoritaire.
A leur arrivée à la gare, un vieillard accompagné d’une jeune fille enceinte interpelle Pemberton, un couteau à la main. Serena enjoint son mari de régler cette affaire vite fait. Pemberton achève le vieil homme, tandis que sa femme conseille à la future maman de vendre le couteau, c’est tout ce qu’elle obtiendra d’eux.
Le ton est donné.
On suivra le durcissement de l’infaillible volonté de Serena , l’évolution des 2 personnages et de la relation du couple, leur gestion de l’exploitation forestière où des ouvriers meurent.
Au niveau du dessin, la simplicité du trait va à l’essentiel.
J’ai trouvé qu’il y avait un juste équilibre entre le texte et les planches. Souvent le texte s’efface au profit du dessin (cf : 1 rencontre Pemberton et son fils), pour soutenir l’atmosphère (cf : 2 l’aigle et le serpent).
La luminosité du personnage de Serena, avec ses cheveux roux, son cheval blanc contraste avec sa noirceur d’âme et reflète assez bien l’ambivalence de la relation que le lecteur entretient avec elle.