Lutte sociale & fantastique
De Romain Baudy. Ed. Casterman, 2017.
1930.
Henri & Lucien sont beaux-frères. Tous deux travaillent à la mine, dans la même équipe. Si Lucien est plutôt débonnaire, attaché à s'occuper principalement – une fois le dur labeur terminé – de sa famille, de son jardin, Henri, lui, est syndiqué ; il lutte de façon véhémente contre le patronat, dénonce les abus, tente par sa contestation d'améliorer un tant soit peu la condition ouvrière, ou au moins de préserver les acquis obtenus lors de luttes précédentes. Au nom du progrès, de l’industrialisation, le patronat, justement, a pour projet de faire descendre un robot dans les galeries, facilitant ainsi le travail des mineurs. Henri ne fait pas partie de ceux qui considèrent cela d'un bon œil. Il est persuadé que le risque de perdre son boulot au profit d'un automate non-soumis à la pénibilité de la tâche est considérable, voire inéluctable ; le rendement produit par un engin mécanisé sera forcément toujours supérieur à celui d'un homme.
Lucien, lui, se joint à l'équipe de volontaires qui accompagnera la machine pour son premier test dans les profondeurs souterraines...
Un récit qui conjugue lutte sociale & fantastique. En terme d'ambiance, c'est comme si un robot débarquait dans le Germinal de Zola - Henri y tiendrait le rôle d'Étienne Lantier -, & que par accident, en l’occurrence suite à une explosion, les mineurs tombaient sur un monde fantastique, évidemment inconnu, improbable, peuplé de nains & de géants. L'on s'aperçoit assez rapidement, malgré ce visage de métal dépourvu d'expressions, de la compréhension, de l'humanité presque plus profonde du robot sur les hommes, de son sens du devoir, de son protectionnisme envers les humains qui le considèrent pourtant au mieux comme un outil, au pire comme un rival.
Je ne suis pas persuadé de m'être laissé complètement entraîner dans les Souterrains de Romain Baudy, mais après tout, pourquoi pas... ?
Il y a sur cet album un bon travail de la couleur ; le sujet permet – réclame presque - le contraste obligé entre l'obscurité des galeries & l'éclairage des lanternes.