Valhalla Hôtel – tome I/III : Bite the Bullet
- papierbulles
- 11 mars 2022
- 3 min de lecture
Fabien Bedouel & Patrice Perna, Comix Buro, 2021, 64 p.
Une bande d’asphalte. Le désert autour. Un coach de tennis de table et son élève. Une bagnole qui tombe en rade. Un shérif bas du front. Une adjointe, rouquine, incendiaire. Un secrétaire particulier, délinquant sexuel. Un hôtel sans clients. Une proprio et sa fille, carrément strange. Des bouseux nazis + El Loco, fan de Motörhead, Flying V en bandoulière = un cocktail explosif, genre Molotov...

Une longue bande d’asphalte coupe le désert en deux. À la périphérie de Falstone, au Nouveau-Mexique, le coach Malone, au volant de sa Fiat 500 (jaune), et Lemmy, son élève mutique et surdoué dans sa spécialité, se rendent à Albuquerque pour y disputer, d’ici quelques jours, la finale régionale du championnat de tennis de table. Sauf que c’est précisément sur cette ligne droite infinie tracée au milieu de nulle part que la voiture tombe en panne, moteur serré. Surgit alors le shérif du bled cité précédemment, homophobe et borné, comme il se doit. Et qui embarque mentor et disciple pour d’improbables raisons.
Sous l’œil attentif de coach Malone, Lemmy s’entraîne inlassablement, tel un métronome. Le bruit incessant du rebond de la petite balle jaune sur le sol et les parois de la cellule finit par faire péter une durite au shérif. Betty, son adjointe, lui suggère de les libérer, car aucun motif ne justifie de les avoir mis en prison ; encore moins, donc, de les y laisser.
Comme le moteur de la Fiat est mort et en attendant qu’il soit remplacé, Betty conduit l’inénarrable duo bloqué à Falstone jusqu’au Valhalla Hôtel, tenu par la très étrange Frau Winkler, et sa fille, qui ne l’est pas moins. Derrière son mur de silence et de concentration, Lemmy n’est pas exactement insensible aux charmes de cette dernière. Son entraîneur et lui semblent être les seuls clients de l’immense bâtiment, dont la piscine est vide et le court de tennis en friches.
Se produisent dans la nuit des évènements dont je ne dirais rien ici (I’m not Mr Spoiler !). Sachez simplement qu’El Loco troque sa Flying V contre un arsenal conséquent de flingues en tous genres, et que les choses partent en live de manière absolument exponentielle...!

De la bombe (BB) !
Bite the Bullet envoie du lourd de la couverture à la dernière case – que dis-je ! à la 4ème de couv’ ! La maîtrise graphique de Bedouel est évidente dès les premières planches. La qualité du traité, du découpage, des cadrages met gentiment une claque d’entrée de jeu. Et la mise en couleurs assaisonne le tout, juste pour le cas où nous serions assaillis par le doute, ou si nous avions un problème de vue !
Sur ce premier tome (prévu sur trois), le scénario est à la hauteur du visuel, et les dialogues, couplés aux expressions des personnages lors de leurs tirades, sont truculents.
Donc oui, c’est d’la bombe, mais comme Valhalla Hôtel est édité chez Comix Buro, la surprise n’en est plus vraiment une !

« I don’t want to live forever / And don’t forget the Jocker »
Si Lemmy, le pongiste prodige, walkman sur les oreilles, aime à s’endormir au son de la délicieuse mélopée de Vénom, c’est néanmoins à Motörhead de revendiquer la B.O de Valhalla Hôtel. Ça commence par le titre de ce tome ; « Bite the Bullet » est l’un des morceaux (le 10ème, sur la face B de ton microsillon) du légendaire album « Ace of Sades » (1980) de Lemmy Killmister, Phil « Animal » Taylor & « Fast » Eddy Clarke...le Motörhead d’origine, quoi, celui qui avec The Jimi Hendrix Experience et The Ramones constitue le trio de groupes de Rock’n Roll dont tous les membres fondateurs sont morts (ça, c’est pour la-toute-petite-histoire-triste-de-la-musique, ça n’a rien à voir avec cette BD). Et c’est ce qu’El Loco écoute en boucle et joue sur la scène du Lea’s Bar, le troquet de la bourgade, dont le leitmotiv est « Shut up & Drink »...vaste programme !
Fred.
10 bulles
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