Moon – Cyrilles Pomès / Rue de Sèvres, 2022, 160 p.

Dans une petite ville des abords de la méditerranée (re)devenue quasi-fantôme après que juillettistes et aoûtiens s’en soient retournés chez eux, la population adolescente qui la compose vaque à ses occupations habituelles, portable greffé à la main. Une nuit, un orage particulièrement violent coupe l’accès internet de tous les foyers, laissant la jeunesse démunie devant ce cruel coup du sort...

L’été est terminé. La saison estivale aussi. Les vacanciers ont déserté les plages et rejoint leurs pénates. Les campings, hôtels, bars, restaurants et autres complexes touristiques ont tiré la grille jusqu’à l’année prochaine. Dans cette ville-zombie au bord de la méditerranée ne restent que les locaux. Dans les rangs de la jeunesse, les ados trompent ennui et désœuvrement entre la vie virtuelle des réseaux sociaux et celle, réelle, des interminables journées de lycée (lorsqu’ils ne sèchent pas les cours). Ainsi est rythmé leur quotidien. Jusqu’au jour où survient l’inimaginable, l’inconcevable, la loose totale, : l’antenne-relais qui alimente le village s’est vue foudroyée dans la nuit lors d’un violent orage, privant ainsi chacun de téléphone, d’internet, d’ondes radio, etc... « l’apocalypse, mec » ! Un truc digne de la fin des temps ! Durant le laps de temps que dure la coupure, la génération connectée va découvrir la joie des plaisirs simples, oubliés, voire désuets. Et par ce biais, sans doute se connaître aussi un peu plus, un peu mieux les uns les autres...jusqu’à ce que les outils technologiques renaissent de leurs cendres via intervention humaine, et que tout ne recommence, mais peut-être pas tout à fait pareil qu’avant...

Adosland

Avec un graphisme particulièrement marqué et la très belle mise en couleurs d’Isabelle Merlet (notamment sur les quelques doubles-planches qui composent cet album), Pomès nous immerge dans l’univers des ados, des hauts et des bas qui agrémentent leur quotidien, leurs centres d’intérêts, leurs préoccupations, leurs doutes, leurs amours, leurs déconvenues, leurs colères...et bien entendu, leur vocabulaire imagé (« mais nan » ? mais si !). L’histoire, c’est celle de la vie de tous les jours de la jeunesse actuelle, dans un bled moitié-mort 10 mois par ans, cadencée ici comme ailleurs par le « mood du jour » des stories qu’on like, ou pas (« (…) va voir sur snoop, gros...ça va t’intéresser ») . Lorsqu’un « catastrophe naturelle » met un terme momentané à leurs habitudes, Luna, Mel, Cosmos, Tom, Rachel, et les autres vont apprendre à se découvrir, sans que ne résonne systématiquement le bip! des notifications perpétuelles de leur compte Snoop...

Fred.

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