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Le Lait Paternel (tome I : les errances de Rufus Himmelstoss) - Uli Oestrele / Dargaud, 2022, 117 p.

  • papierbulles
  • 7 juin 2022
  • 3 min de lecture

Lorsqu’il apprend par courrier le décès de Rufus Himmelstoss, Victor se rend à la morgue de Munich pour se recueillir sur le corps d’un père qu’il n’a pas connu. Ce dernier a disparu depuis 30 ans, les laissant seuls sa mère et lui, après n’avoir été que peu concerné par les obligations de la vie de famille. Pour romancée qu’elle soit, cette histoire se structure sur une base autobiographique.

Absence & disparition

Munich - Juin 2005. Rufus Himmelstoss est mort. Son fils Victor va à la morgue se recueillir sur sa dépouille. Il ne le reconnaît pas (« (…) ce machin, là...ce n’est pas mon père ») parce que Rufus Himmelstoss a disparu depuis bien longtemps (« Un beau jour de 1975, il s’est brusquement volatilisé (…) il ne restait plus la moindre trace de son existence »), et que de fait, il ne l’a manifestement jamais vraiment connu : « J’avais six ans à cette époque », et pendant ce laps de temps, « (…) le type avait d’autres préoccupations que de changer les couches de son gamin ». Mais peut-être les apparences dissimulent-elles « (…) l’hypothèse d’événements fâcheux l’ayant contraint à se mettre au vert (…) »...?


Don Juan des stores & des auvents

Été 1975, dans la banlieue de Munich. Rufus Himmelstoss a démarché quantité de pavillons de lotissements. Il a surtout visité - en séducteur qui se respecte et en sirotant, comme il se doit, maintes coupes de champagne dès le matin - plusieurs propriétaires de la gent féminine (« J’offre juste à des frustrées de la cambrousse la possibilité de fuir l’ennui mortel de leur quotidien de femmes au foyer ») et par là-même placé pléthore de stores et autres articles du même acabit ; c’est son boulot : Rufus Himmelstoss fait du porte-à-porte pour fourguer des protections solaires. Pour couronner une journée qui l’a placé à fond la caisse « sur la route des gagnants », Rufus Himmelstoss s’installe à une table de poker, imaginant la terminer en apothéose ; mais il y perd une somme qu’il ne possède pas. C’est un peu son mode de vie que de dépenser du fric qu’il n’a pas. Et de le claquer de clubs en boites de nuits, consommant sans vergogne ce qui se boit et ce qui se sniffe. Jusqu’au dérapage. Et lorsqu’il décide de se reprendre en main et de donner à sa femme « un bon mari » et à son fils « un père exemplaire », il est déjà trop tard...

♫♪♫ Papa was a rolling stone ♪♫♪

C’est sur cette chanson que s’ouvre ce premier opus - et l’air de revenir de loin en loin tout du long des errances de Rufus Himmelstoss.

Le thème de fond de ce roman graphique est donc l’inexistence de relations entre un père et son fils, et le trauma qu’occasionne cette désertion - ou cette présence désinvolte et superflue, dans le meilleur des cas ; au point que le fils, devenu adulte et père, a du mal lui-même à assumer cette responsabilité et reproduit parfois dans son propre foyer un comportement identique à celui de Rufus Himmelstoss (« Je suis composé d’accessoires appartenant à d’autres, qu’aucun psychologue au monde ne pourra amalgamer pour en faire une personne saine mentalement »). S’il est difficile de s’attacher à Rufus Himmelstoss, le propos du récit n’en est pas moins touchant.

On voit aussi ici développés certains problèmes de société, qui bien que se déroulant dans les 70’s, sont ou peuvent être similaires à ceux actuels (comme par exemple l’exclusion sociale – confort et cure pulmonaire d’une literie sise sous la niche d’un pont à l’heure de pointe garantis ; ce qui est bon pour le corps l’est aussi pour l’esprit ! même si ce sont l’immaturité et la lâcheté qui ont conduit R.H. à cette situation).


Le style graphique de Oesterle est, en un sens, désuet, vintage, comme les illustrations des journaux des années bissextiles, avec le texte écrit dessous (sauf que ici, non). Son traité est sobre, minimaliste, et va à l’essentiel. C’est l’éclairage (et donc l’agencement de l’ombre et de la lumière, le contraste du noir, du gris et du blanc avec les touches de couleurs parcimonieusement placées) qui donne son volume au dessin. Arrivé ici, énoncer une ribambelle de superlatifs synonymes les uns des autres pour en dire la qualité (me) semble facultatif...


...& hop ! 10 bulles

Fred.




 
 
 

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