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L’honorable partie de campagne



Adapté du roman de Thomas Raucat

Sarbacane, février 2024, 124 p., 22€

 

Adaptation, société japonaise des années 1920, condition féminine

 

Adapté d’un roman écrit en 1922 par Thomas Raucat (Tomaro Kâ ? Ne m’arrêterai-je point ici ? [sous entendu : dans une maison de plaisirs]), nom de plume de Roger Emmanuel Alfred Poisdatz, à l’issue d’un séjour de 2 ans au Japon pour former l’armée japonaise à la photographie aérienne.

 

Il y a sans doute beaucoup de Raucat dans le personnage principal : européen épris de culture japonaise, qui s’applique à comprendre la mentalité japonaise et à pratiquer la langue - tout en commettant des maladresses ou des impairs.

Pour séduire une jeune femme croisée à l’exposition universelle de Tokio, Raucat propose une partie de campagne sur l’île d’Enoshima réputée pour sa beauté. La jeune femme, légère et insouciante, accepte. Mais un industriel s’interpose, voulant faire visiter lui-même la perle de l’archipel à l’honorable étranger.

Raucat parviendra-t-il à séduire la jeune femme, en dépit des complications que les conventions nipponnes multiplient devant lui ?  Le récit propose un regard attentif sur la société japonaise de l'époque, la condition des femmes, les rapports codifiés et les règles de bienséance, que le jeune homme s’efforce d’intégrer, tout en restant conscient que c’est impossible.

La BD s’organise comme le roman : en introduction, la scène de l’exposition universelle de 1922 et de la rencontre. Puis chaque chapitre s’ouvre sur une superbe illustration pleine page, agrémentée d’un haiku, et porte un titre en lien avec son personnage principal : la jeune fille, quelques bourgeois, le séducteur, réception, l’honorable bain chaud, le chapeau de Taro-San, Geisha, O-Tsuki-Sama (très vénérable déesse lune). Jean-David Morvan respecte le texte de Raucat, avec les tournures de phrase guindées de l’époque. Il en a seulement coupé des extraits pour garder les plus significatifs.

Roberto Melis illustre formidablement ce récit avec un dessin qui allie une fausse simplicité de style BD belge pour les personnages, à de magnifiques ambiances dans un style proche des estampes japonaises et un choix de couleurs restreint : les bleus et blancs rappellent les teintes utilisées par Hokusaï, ils sont soulignés par un trait noir et rehaussés par quelques touches de rouge.

Pour apprécier ce récit, il faut accepter de se laisser transporter dans le contexte de l’époque qui porte le regard un tantinet caricatural d'un européen à l’étranger. On perçoit l’humour décalé de l’auteur derrière le respect affiché, teinté de supériorité, pour les étrangers… de part et d’autre !

Aline 9/10

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