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Journal inquiet d'Istanbul (Tome 1) - Ersin Karabulut / Dargaud Éditions, 2022, 152 p.

Pour le lecteur français moyen, difficile de passer après Riad Sattouf, Marjane Satrapi, Joe Sacco et tant d'autres dans l'exercice de l'autoportrait du bédéaste dans un régime autoritaire. Les comparaisons sont inévitables, et malheureusement, même les autocraties ont tendance à toutes se ressembler...

Pourtant, Ersin Karabulut, rédacteur en chef de " Uykusuz " (l'équivalent de Fluide Glacial en France - et comme un symbole, c'est d'ailleurs Fluide Glacial qui a publié ses premières BD en France), trouve avec son " Journal inquiet d'Istanbul " sa propre façon de se raconter. Le ton est volontiers humoristique, mais on est loin de " l'Arabe du Futur " : il y a dans ce premier tome une volonté palpable de produire un dessin soigné et travaillé, presqu'au détriment du rythme narratif.

Partant personnellement d'une connaissance très lacunaire de la Turquie et son histoire, cette BD a totalement rempli son contrat sur le lecteur inculte que je suis. L'histoire politique du pays, comme une métaphore de sa position géographique, semble tiraillée, polarisée entre des choix de société inconciliables. On comprend mieux pourquoi Erdogan a pu faire l'unanimité à son arrivée au pouvoir, alors qu'il incarne complètement le versant conservateur et intégriste du pays. On s'étonne aussi naïvement du vivier impressionnant de dessinateurs de BD en Turquie et de leur degré d'irrévérence face à un pouvoir qui a pourtant largement démontré qu'il pouvait ruiner leur vie en un claquement de doigts.

L'autre force de ce récit autobiographique par rapport à la " concurrence ", c'est que là où le lecteur entrait immédiatement en empathie pour les enfants Sattouf ou Satrapi, ici, l'auteur n'hésite pas à se montrer sous un jour antipathique, très vaniteux et d'une lâcheté terrible vis-à-vis des femmes. Cela créé une tension très intéressante, inédite à mes yeux, entre son histoire personnelle et la grande histoire qui se joue derrière. Je ne pense pas que le " Journal inquiet d'Istanbul " rencontrera le même succès que ses ain.ées, mais il mérite d'être lu.


Fabien

8 bulles







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