Joe la pirate – Hubert / Virginie Augustin (Glénat, 2021) 💗💗💗💗🤍
- papierbulles
- 28 juin 2021
- 2 min de lecture
Audacieux.se

Marion Barabra Carstairs est née le 1er février 1900 à Londres dans une époque de pré-guerre frémissante. La petite fille n’est pas exactement comme sa maman l’aurait souhaitée : elle ne pleure pas, est indépendante, têtue et casse-cou ce qui la pousse à se débarrasser d’elle en l’envoyant outre-Atlantique (pour le plus grand bien de Tuffy, comme elle a décidé de se faire appeler). Et Tuffy prend son envol. Se sentant depuis toujours « queer dans la matrice » elle se transforme peu à peu pour que son image lui ressemble : elle devient Joe. Mais elle ne veut pas être un homme, jouer à en être un est beaucoup plus drôle ! Joe a fait la guerre, le tour du monde, a régné sur une île des Bahamas comme monarque, a été la femme la plus rapide sur l’eau… La vie est trop courte pour être ennuyeuse !
Oui, Joe a existé ! Tombé.e dans l’oubli depuis sa mort en 1993, il a fallu attendre quelques années avant d’entendre parler d’elle. Et sa vie est pour le moins passionnante : habillée en homme, tatouée, passionnée de vitesse et de machines elle était un personnage haut en couleur qui passait difficilement inaperçu. Parmi ses conquêtes on peut citer Dolly Wild (nièce d’Oscar) ou encore Marlène Dietrich ! Osée, débridée, instable, cruelle, caractérielle et adorable : les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Joe.
Qu’il est difficile d’être objective quand on est une fane absolue ! Mon admiration sans limite pour le travail d’Hubert m’a mise dans d’excellents conditions de lecture, vous en conviendrez. Sans compter que Virginie Augustin m’a charmée à plusieurs reprises dans ses œuvres précédentes (40 éléphants, Alim le Tanneur, Monsieur désire ? pour ne citer qu’elles). Quelle nouvelle collaboration réjouissante ! L’histoire est découpée en chapitres ce qui rythme le récit du début à la fin et renforce l’extravagance de la vie de Joe. À noter que les auteurs ont librement réécrit sa vie de en lui donnant tout l’éclat et les paillettes nécessaires pour sublimer l’ensemble : et ça fonctionne ! En lisant une biographie on est tous atteint du syndrome Wikipédia (si si, avouez, on ne peut pas s’empêcher d’aller tout vérifier !). Là non. Hubert a mis tout son talent au service d’une vie rêvée basée sur des faits réels, une vie de liberté inconditionnelle qui fait fi des jugements et s’affranchie des injonctions étouffantes…
Le dessin de Virginie Augustin est parfait en noir et blanc. Le trait est fin, essentiel et délicat. Un seul tout petit bémol : sans indices de couleur il a parfois été difficile de repérer les personnages féminins qui se succèdent au fil des pages.
Ah et puis la couverture est splendide !
Pourquoi seulement 8/10 ? Il ne manque pas grand-chose pour en faire un chef d’œuvre. Peut-être encore d’avantage d’émotions…

8 bulles

Mélody
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