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Humour, grâce et légèreté


Karmen

Guillem March, Dupuis, 2020, one shot, 156 p.

Avec un graphisme puissant & élégant assorti d’un gros travail de mise en couleurs, March traite le sujet sensible du suicide, de la culpabilité & de la mort dans un mélange de délicatesse & d’humour bien déjanté.

Habillée d’une combinaison noire imprimée d’un squelette, Karmen, jeune femme d’apparence étrange, drôle, & sans doute un peu cinglée, pénètre dans un appartement où deux étudiantes vivent en colocation. Elle se rend directement dans la salle de bain. Là, Catalina est assise, nue, sur la cuvette des toilettes, poignets en sang. Karmen les lui bande. Puis elle l’entraîne dans les rues de la ville, chacune vêtue comme précédemment décrit, mais cela n’a pas d’importance, car comme l’explique K. à C., toutes deux sont invisibles aux yeux des autres. Lorsqu’elles quittent la pièce, l’on s’aperçoit que le corps de Catalina gît, inanimé, dans les eaux écarlates de la baignoire...

La gravité du thème & la finesse du traité.

Catalina va, évidemment ! mettre un certain nombre de planches avant de se rendre réellement compte de son état ; bien plus que nous, lecteurs, installés confortablement sur les rails de la narration après le coup de la baignoire. Il y a beaucoup de légèreté & un certain humour dans la façon dont est traité ce sujet, triste s’il en est. L’évanescence de Karmen & la naïveté de Catalina en sont source. Toutes deux sont la trame principale du récit. Ensuite - puisque l’on parle de, sinon la mort, sa messagère, & d’un fantôme - je ne pense pas que l’histoire puisse être autrement qu’étrange, quelque part entre légèrement & complètement barrée. Avec ce qui ressemble à s’y méprendre à de la poésie & à de la tendresse, un peu partout autour.

Un pavé au visuel impeccable.

Visuellement, dans un premier temps, la couverture attire l’attention. Cette jeune femme, en costume de squelette, noir & blanc (bon ok, plus rose que blanc) sur fond rouge, capte l’œil d’assez loin. Le format aussi ; le volume est conséquent. & vraiment, le graphisme, la mise en couleurs, les cadrages & prises de vue, bref ! tout ce qui de près ou de loin s’apparente à l’esthétique est d’une grande qualité. Le travail de Guillem March est impressionnant. Son dessin est fluide. Il y a toute une succession de planches, sans, ou avec peu de texte, au cours desquelles Catalina nage avec grâce dans les airs. Lorsque je parle de fluidité, de légèreté, ce passage l’illustre Ô combien mieux que mes mots (heureusement, hein ?). Comme elle est nue presque du début à la fin, l’on embrasse le corps de Catalina (& de fait, le corps féminin) certainement sous tous les points de vue possibles & imaginables. Cependant, nulle part il n’est question d’érotisme, moins encore de vulgarité..de la grâce & de la légèreté, je vous dis !


Fred


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