A l'arrêt / Sandra Ndiaye, Frédéric Debomy, Benjamin Ades
Sandra Ndiaye, co-scénariste, travaille en prison. Plus précisément, dans une maison d'arrêt (y sont détenues, en gros, les personnes en attente de jugement). Elle n'est pas dans la branche Surveillance, mais plutôt du côté Insertion et probation, et propose donc des activités culturelles, artistiques.
Le récit de son quotidien recoupe différents témoignages, études et rapports consultés par ailleurs. Il m'a semblé assez objectif et réaliste : pas d'angélisme (les détenus ne sont pas tous sympathiques), pas de malice non plus (les personnels de surveillance ne sont pas tous antipathiques). Toutefois, l'idée générale est que l'arbitraire est la règle dans cette structure (qui, précisons-le, relève du Ministère de la Justice...). En effet, les détenus ont des droits (promenade dans la cour, participation aux différentes activités collectives...), mais il suffit d'un.e surveillant.e aigri.e, apeuré.e, vicelard.e pour annuler toute sortie de cellule. Tout ceci ne fait qu'ajouter de la frustration et de la violence dans ces lieux déjà sous pression. On peut aussi parler du surveillant qui dénonce le détenu pour moeurs en connaissant très bien le risques qu'il fait courir à ce dernier.
Le récit s'achève sur la sortie de prison, définitive, de Sandra. Elle est enceinte et tout lui dit que l'univers carcéral n'est pas bon pour sa condition.
Les questions soulevées par cette bande dessinée, même si pas originales, restent intéressantes : enferme t-on une personne pour la punir ? pour en protéger la société ? pourquoi de telles disparités, même entre pays 'riches' dans la définition de la peine et les conditions de son exécution ?
Un témoignage plus proche des BD "Paroles de taulards / taule / parloirs" que des biographies de maton.ne.s.
Le dessinateur fait le job !
Manu --> 8 Coeurs (ou Bulles)
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