Quand Blueberry rencontre Moebius ou quand deux bibliothécaires ne sont pas d'accord !
De V. Perriot. Ed. Casterman, 2018.
L'avis de Mélody
Je ne vais pas m'aventurer à faire un résumé de l'histoire. J'ai essayé à l'oral, trébuchant, corrigeant, luttant avant de rendre les armes. Celui de l'éditeur est parfait donc.
A mon sens, tous les points forts de cette BD sont également ses faiblesses.
Je m'explique.
Le dessin est surprenant et assez époustouflant au premier abord. Les dinosaures et les grandes plaines désertiques sont superbes ! Mais la ville, les hommes sont brouillons et manquent cruellement de délicatesse.
L'univers post-apocalyptique imaginé attise la curiosité. Pourquoi les hommes en sont là ? Qui vit en haut ? Où est passée l'eau, qui la contrôle ? Beaucoup de questions qui non seulement restent sans réponse mais qui s'accumulent tellement qu'on en perd le fil. A vouloir construire un univers trop riche il en devient obscure ou surfait.
Le personnage principal, Jarri le berger du désert, est attachant au tout début. Et plus il évolue, moins je le comprends. Il agit sur des coups de tête, prend de l'importance trop facilement et joue un rôle dans une rébellion qui n'est pas la sienne. Tout semble dû au hasard. Les personnages secondaires sont clichés.
Des clichés, il y en a trop. La mère soldat rebelle décédée trop tôt, la mort du père de la fille à qui il s'attache, les dinosaures qui parlent au bon personnage et qui s'unissent pour l'aider "parce que c'est lui", l'entité méchante qui en fait ne l'est pas vraiment...
Avec le recul cette BD me fait l'effet une belle enveloppe, vide. Très dommage.
L'avis de Patrice
Voici une BD de science-fiction, une vraie ! Le scénario se tient bien pour cette histoire terminée en un volume. Graphiquement, le résultat est tout aussi probant. Mais, qui est incroyable dans cette album, c’est l’univers crée par Vincent Perriot où l’on trouve des inspirations des grands noms de la BD. Jarri, son héros, est une sorte de Blueberry égaré dans le monde de Moebius. C’est aussi une sorte de Red Dust (Comanche de Greg) chevauchant un dinosaure tout droit sorti des mondes d’Aldébaran (Léo). L’univers crée est très convainquant ce qui n’est pas un mince défi.
Si vous connaissez les grands classiques dont j’ai parlé plus haut, cette BD aura un coté madeleine de Proust. Si vous ne les connaissez pas, préparez vous à un sacré voyage bédétesque.
Mon méga coup de cœur du début d’année (pourvu que ça continue comme ça !).
