Univers post-apocalyptique
De Vatine et Varanda. Ed. Comix Buro, 2018.
Sur un site de fouilles archéologiques interdit, Lise fait une chute mortelle au plus profond d'un gouffre. Martha, sa mère, fait enlever Joachim, un éminent scientifique, & lui ordonne de la ressusciter. Mais le cauchemar que vit Martha depuis le décès de Lise n'est rien au regard de celui qui va prendre vie...
Vatine & Varanda redonnent vie au roman de Wul.
Comme vous le savez, je ne suis pas objectif lorsqu'il s'agit de Vatine. Là, il est au scénario (ainsi qu'au story-board & à la mise en couleurs). Ça pourrait me rendre l'exercice de la critique plus aisé, sauf que c'est Varanda qui se charge de la partie graphique. & je ne suis pas objectif lorsqu'il s'agit de Varanda non plus. Du coup, ce n'est pas pour me victimiser, mais comme disai(en)t les NTM : « tout n'est pas si facile »...!
C'est donc Olivier Vatine qui a pris ses responsabilités scénaristiques en adaptant le récit de Stefan Wul. Cette BD s'inscrit dans la liste des titres précédemment parus dans la collection éditée par Ankama, mais elle sort chez Comix Buro, label créé par Vatine himself.
Une fois encore, le scénario n'aurait sans doute rien d'original s'il était « neuf », inventé, écrit aujourd'hui. Mais la première publication du roman de Stefan Wul date de 1958, aux Éditions Fleuve Noir, dans la collection Anticipation.
L'univers de La Mort Vivante est post-apocalyptique ; les humains vivent sur Vénus, car la Terre n'est plus viable, en majeure partie recouverte par les eaux - Stefan Wul était-il clairvoyant ? On parle évidemment ici du grand mythe de la résurrection - non pas divine, mais via la science, la biologie, la connaissance - & si l'on évoque ce thème, Mary Shelley & son Prométhée moderne ne sont forcément pas loin. Comme l'expérience tourne mal (sinon, y'aurait pas d'histoire), ce n'est pas la jolie fillette de dix ans qui revient à la vie, mais un monstre hideux, vorace, en perpétuelle mutation, qui grossit au fur & à mesure qu'il engloutit tout, & engloutit plus encore à mesure qu'il grossit.
De Varanda à Doré, en passant par Wrightson.
Puisque je parlais de Mary Shelley un peu plus haut, je ne sais pas si c'est un hommage, mais s'il n'est pas direct, ça y ressemble quand même beaucoup : le traité choisi par les auteurs – traité « qui s'imposait », comme le dit Vatine en postface – n'est pas sans rappeler le graphisme de Bernie Wrightson pour l'illustration (somptueuse) de Frankenstein (en 1983, chez Albin-Michel), lui-même étant un hommage – qui s'il n'était pas direct, y ressemblait quand même beaucoup – aux gravures de Gustave Doré. J'ai lu La Mort Vivante dans sa version tirage de luxe, à savoir plus grand format que l'édition classique, & surtout, en noir & blanc, ce qui renforce certainement cette sensation, cette ressemblance.
J'ai lu sur le site de Glénat que Varanda « signe (…) probablement son plus grand chef-d'œuvre graphique » avec cette BD. J'aurais tendance à être plutôt d'accord, mais ce serait prendre le risque de déconsidérer le reste de son œuvre, & comme je ne suis pas objectif...