« On dit que le diable ne voudrait pas de lui en enfer. On dit parfois la même chose de moi »
De Marini. Ed. DC Comics/Dargaud, 2017.
Le Joker fait une virée d'enfer dans Gotham-City. Lui & sa bande de clowns psychopathes viennent de dévaliser une bijouterie. Les flics qui les ont pris en chasse sont ramenés à la raison à la sulfateuse, sans modération. Mais Catwoman avait des vues sur le butin. Elle était elle-même en embuscade ; s'estimant flouée, elle vient réclamer son dû, se mêlant à la course-poursuite & ajoutant à la pagaille régnant dans les rues de la ville.
Du plus haut d'un building, ombre parmi les ombres, dominant les artères de la gigantesque mégapole, une sombre silhouette emmitouflée dans sa cape noire observe perplexe, préoccupée, les dégâts en cours dont se rendent responsables le trublion frappadingue & la féline cleptomane. Puis de se jeter dans le vide & de se laisser planer, telle une chauve-souris aux ailes surdimensionnées, jusqu'à la scène du délit, amplifiant encore le désordre sans avoir pourtant d'autre choix que celui d'intervenir.
Batman est de nouveau aux prises avec le Joker, son ennemi juré, son contraire absolu, celui qui « comme la mauvaise herbe » revient sans cesse semer le chaos à Gotham.
Cette fois-ci, une enfant de huit ans est en danger & sa vie est en jeu. Cette fois-ci, ce n'est pas uniquement parce qu'il a juré de protéger sa ville que Le Chevalier Noir se doit d'officier. Cette fois-ci, il se peut que Le Bat soit intimement impliqué...à moins que ce ne soit Bruce Wayne...? à moins que ce ne soient les deux...? seuls le justicier & le dément le savent !*
Avec la couverture, sans fioritures, sans tralala, Marini met d'emblée les points sur les i ! Normal : l'Italien est un virtuose ! Je ne sais pas pourquoi, dans l'attente de ce comics, j'avais (un peu) la trouille d'être déçu. Peut-être parce que voir les Américains faire appel à un auteur européen pour lui confier les pleins pouvoirs l'espace d'un récit est dans un premier temps anecdotique, & peut surtout se révéler casse-gueule dans un second. C'est plus ou moins ce qui s'est passé en 2011 pour Milo Manara (tiens, un autre Italien), choisi par Marvel (édité chez Panini Comics en France) pour illustrer un épisode des X-Men écrit par Chris Claremont. L' épisode ne met en scène que les personnages féminins du groupe de mutants. Outre-Atlantique, l'ambiance lascive que seul donne Manara à la courbe féminine lorsqu'il touche un crayon avait été perçue comme moins X-(wo)Men que X tout court. En Europe, ce n'est même pas érotique ; tout juste banal. Évocateur, le titre – Jeunes Filles en Fuite - laissait déjà présager du pire. Je ne crache pas dans la soupe : Manara est un grand dessinateur ; & comme pour un grand nombre de ses albums, celui-ci est quelque part chez moi, sur une de mes étagères (je sais laquelle).
Depuis 1988 – mais qui l'ignore ??? Silver Surfer : Parabole, résultat du choc (des Titans) entre l'immense Stan Lee & le tout aussi colossal & regretté Mœbius était LA référence ; jusqu'à aujourd'hui. Pour ce premier tome, The Dark Prince Charming inscrit déjà en gros, gras & sombre (dark is dark) le nom de son auteur dans cette tranche importante de l'Histoire de la Bande-Dessinée Américaine, bien que les preuves de son irréfutable talent soient déjà publiées ici depuis longtemps...ouf !Fred.* & moi aussi, paske j'ai lu la BD :-)