Quand transmission rime avec confusion et dispersion

De Miguel Francisco. Ed. Delcourt, 2017.

Un père d'origine espagnole, dessinateur, raconte à son fils de 5 ans les souvenirs familiaux liés à son grand-père et à ses parents, parle de la guerre civile espagnole, du franquisme, de l'exil en Argentine, de la création, des rencontres, du hasard.

Miguel se rappelle les discussions qu’il avait avec son père quand il était très jeune. Il lui racontait les histoires de famille d’avant et d’après-guerre, période finalement pas si ancienne. La BD alterne les conversations avec son père avec des éléments historiques.

Il tente de combler les espaces vides dans l’histoire de son grand-père.

Evitant le « trop sérieux » en introduisant des touches d’humour et des scènes de la vie quotidienne, l’auteur sait faire preuve d’autodérision. Il découpe son récit entre le présent et le passé, l’histoire étant racontée à partir d’une discussion avec son fils.

L’alternance, entre le récit historico-familiale et le présent, est parfois pesante. Voir dans la même page, son fils lui demander ce qu’est la république, puis la case suivante illustrant l’époque franquiste, celle d’après pour sa rencontre nocturne avec une belle blonde, soit trois moments différents qui se compilent dans la même page, alourdit considérablement le récit, gênant le propos plus qu’il ne l’allège.

Confusion supplémentaire, le passé est parfois en noir et blanc, parfois en couleur.

Le style est un peu caricatural mais sympathique pour dessiner les gars, physiques normaux, avec un minimum d’imperfections, dommage que les jolies filles soient dessinées comme des poupées barbies, corps plantureux et visage féminin toujours pareil.

A part ça, il dessine à merveille, notamment des décors réalistes, colorés et précis, ambiances intimes, sensibles et chaleureuses dans les cases, pour raconter un héritage émotionnel devenu invisible, les épreuves de nos ancêtres qu’on porte en soi sans s’en rendre-compte…

Vision, parentalité, transmission, humour, à vouloir en mettre plein, il y en a trop et on s’y perd.

Un album sur la transmission des secrets de famille, sensible, plein de bonnes intentions, mais confus et dispersé dans sa structure et dans sa narration, malgré un redoutable coup de crayon.