“Bonjour, c’est le plombier ! ”
- Antoine
- 4 nov. 2016
- 2 min de lecture
La fabrique pornographique, de Lisa Mandel d’après une enquête de Mathieu Trachman, 2016 chez Casterman.

C’est une tendance cette année dans le monde de la BD, de sortir des BD/docu petit format qui traitent, grâce à des collections dédiées, de tout un tas de thèmes divers et variés de façon pédagogique. Tout comme la série La petite bédéthèque des savoirs chez Le Lombard, Casterman a sorti début 2016 une nouvelle collection qui se focalise quant à elle sur le décryptage de la société française, sous forme de fiction ancrée dans les réalités du terrain, comme ils disent.
De cette collection qui en compte 6 actuellement, La fabrique pornographique ainsi que Chantier interdit au public (sur le thème des chantiers de rue), sortis en janvier, en sont les deux premiers volumes.
Cette fabrique pornographique est décryptée à travers le personnage d’Howard, agent de sécurité dans un grand magasin, qui vit un rêve éveillé : parce qu'il a eu le courage d'aborder Pamela, son actrice X préférée, au Salon de l'érotisme, il se retrouve muni d'un pass pour une partouze filmée. C’est l'occasion pour le jeune homme d'ouvrir quelques portes et de se faire une place dans ce monde qui le fascine.
« Je voulais plancher sur la question des femmes au travail. J’ai donc fouillé plusieurs sujets jusqu’à tomber sur celui du porno. Et j’ai découvert que la question était très présente dans ce milieu. » nous explique Lisa Mandel.
Effectivement, c’est l’occasion de parler plus particulièrement des conditions de travail des femmes, de comprendre pourquoi elles se lancent dans cette industrie et les pressions qui pèsent sur elles. Mais on évoque aussi l’étrange rôle des acteurs, relégués au second-plan, et notamment celui des hommes de couleur à travers le personnage d’Howard. On y découvre la cruauté des lois du marché, le recrutement des acteurs, les conditions de tournage, les rapports entre les acteurs, la logistique, et plus largement les enjeux humains liés à ces pratiques dans un univers qui reste finalement tabou. A travers des exemples précis montrant bien l’envers du décor, mais sans voyeurisme, sans trop de trash et avec un souci d’objectivité permanent, Lisa Mandel s’approprie le thème pornographique de manière admirable.
Antoine