top of page
Vous pouvez lire aussi...

Une thérapie à la Dini


De Paul Dini & Eduardo Risso. Ed. Urban Comics, collection Vertigo, 2017.

Enfant, Paul Dini croyait qu'il était invisible. Pas transparent au point de n'être pas molesté dans la cour de récré, mais suffisamment pour s'être tôt entouré de personnages imaginaires, visibles & audibles de lui seul. C'est, d'après lui, de là que lui vient cette faculté à inventer & à écrire des histoires…

Une thérapie à la Dini.

L'auteur raconte ici (une bonne partie de) sa vie, dont le principal traumatisme, adulte, reste l'agression avec passage à tabac dont il a été victime. Ce tabassage en règle va lui valoir d'être hospitalisé & opéré, avant de le plonger un temps dans l'agoraphobie, la dépression & l'alcoolisme. Dini va en effet passer de longs mois à ne sortir de chez lui que de façon anecdotique, enfermé dans son appartement le reste du temps, ruminant son angoisse & cherchant d'illusoires médications dans l'alcool. Il dépeint son enfance, ses amis imaginaires, sa découverte des comics, du temps qu'il passait à recopier ses super héros favoris, puis des histoires qu'il s'est mis, au fil du temps, à élaborer, modestement, par étapes, pour devenir plus tard un scénariste réputé. Paul Dini a énormément travaillé (& de fait, travaille toujours) sur le personnage & l'univers de Batman. Il a notamment été scénariste & producteur de Batman : The Animated Series, créée & dessinée par Bruce Timm & diffusée sur Canal + (1992-93) & sur France 3 (1994-95).

Dini se livre sans fards ; ce n'est pas lui le (super) héros. Lui, c'est un héros ordinaire. De ceux qui se retrouvent à l'hôpital, suite à une mauvaise rencontre, pas de ceux qui courent sur les toits en combinaison, avec un masque & une cape. & c'est bien là la grande originalité de ce récit. L'on ne suit pas dans Dark Night les aventures du légendaire justicier contre les méchants - & frappadingues, surtout, tous étant locataires intermittents de l'asile d'Archam ;-) Ils apparaissent, au contraire, au grè des situations dans lesquelles se trouve l'auteur, tout comme, lorsqu'il était gosse, s'animait autour de lui une multitudes de compagnons invisibles aux yeux des autres. Ils sont une sorte de conscience, bonne ou mauvaise, affable ou vindicative, selon qu'apparaisse Batman, ou Poison-Ivy, ou Le Jocker, etc...Ils sont les témoins fictifs & irréels de la vraie vie de Paul Dini. Ils la commentent. Ils le conseillent. Le critiquent. Le jugent. Comme un miroir, ils le mettent devant les faits. & les conversations que Dini entretient avec ses chimères ne sont pas sans effets sur ses décisions.

S'il est possible, encore, de douter du talent de l'immense Eduardo Risso...

La chose est peu concevable, mais sait-on jamais...Sa faculté à maîtriser le noir & blanc est proprement hallucinante. & la dimension n'est pas atténuée par l'ajout (éventuel, mais fréquent dans les comics) de la couleur. Ça, c'est pour ce que l'on sait - & voit - de la plus grosse partie de sa (sur)production (100 Bullets, Tabasco Blues, Fulu, Point de Rupture, Batman : Dark Knight III). Dans Dark Night, seules les planches relatives à l'agression de Dini revêtent le graphisme habituel de Risso. Le reste de l'histoire est traité de manière bien moins tranchée, beaucoup moins sombre que d'ordinaire & met en exergue le très gros travail de mise en couleurs, justement.

S'il est possible, donc, de douter encore de l'immense talent d'Eduardo Risso, il suffit d'ouvrir cette BD pour dissiper ce funeste sentiment…


Archives
Tags
  • Facebook Basic Square
Suivez nous ! 
bottom of page