Un pur livre documentaire
D'Edward Ross. Ed. ça et là, 2017.
L’idée de filmo graphique est simple : nous amener à considérer le cinéma comme un objet d’analyse d’art classique, à la manière dont on appréhende l’art en histoire de l’art. Rassurez-vous, si l’approche peut sembler très académique, sa mise en forme elle, est non seulement très accessible mais elle donne en plus du sens à tous ces films que l’on a parfois regardés comme du pur divertissement.
Le grand atout de cet ouvrage dans le fond, c’est de ne pas hiérarchiser les films. Si l’auteur parle de Dreyer, Fritz Lang ou Griffith, on y rencontre aussi Ridley Scott, Christopher Nolan, Rambo 2 ou des films d’horreur plus confidentiels comme Pontypool. Le tout est découpé en chapitres thématiques comme « le corps », « la ville », « l’idéologie », où l’histoire du cinéma y est passée en revue. Un très grand nombre de théoriciens du cinéma y sont convoqués et donnent aux propos de l’auteur une grande profondeur, tout en restant, là encore, très accessible.
Pour la forme, les lecteurs de l’excellent Scott Mc Cloud ne seront pas dépaysés, le même procédé narratif est utilisé : l’auteur se représente au sein des cases, s’adresse au lecteur en se mettant en scène dans les images iconiques des films présentés. Si le niveau de dessin reste assez sommaire, la fluidité de la narration et la pertinence des images de films utilisés permettent d’arriver à la fin du livre sans aucuns accrocs, ce qui relève en soi de l’exploit.
Voici donc un pur livre documentaire qui utilise à merveille le mode si particulier de la narration de BD pour donner une approche excitante et stimulante à une discipline par ailleurs souvent austère qu’est la théorie cinématographique.
